Godzilla (1954) – Le fardeau japonais

Classiiique

Les contes et légendes japonais ont toujours énormément influencé les œuvres populaires japonaises. Elles sont elles-mêmes influencées par le shintoïsme et bouddhisme, les religions majoritaires et historiques du Japon. Les personnages de ces récits sont placés dans des situations humoristiques ou bizarres face à des êtres surnaturels variés.

En 1954, Ishirō Honda marque le septième art en créant le genre du Kaijū avec Godzilla. Ce premier monstre illustré sur grand écran sera le premier d’une longue lignée d’autres films et d’autres monstres. Cette créature s’est imposée comme figure majeure au Japon puis s’est inscrite par la suite dans la culture populaire mondiale.

Bon appétit bien-sûr

Des petits décors pour un gros monstre

Le film nous illustre l’apparition d’un monstre géant en ville qui terrorise ses citoyens.
On saisit tout l’enjeu de ce que nous raconte le film grâce entre autre à ses effets spéciaux. La bête n’a pas seulement été filmée en stop motion (technique d’animation par successions de prises) mais a été animée par un cascadeur jouant sous une mascotte.
Prise de vues grandeur nature et macro se confondent pour nous proposer des scènes de destruction totalement immersives pour l’époque. Tantôt de réels trains sont filmés, tantôt des trains miniatures volent en éclat.

Les coulisses de l’animation

Nous sommes préservés de Godzilla une bonne partie du film, nous faisant monter toute la tension autour du monstre. Dès lors qu’on l’aperçoit, les prises de vue sont majoritairement en contre-plongée pour nous le présenter comme une sentence venant du ciel.
Cette succession de moyens nous permet de ressentir toute la puissance de Godzilla.

Une musique entêtante

Il y a un thème bien distinct qui revient à travers tout le long du film. Le thème de Godzilla revient sans cesse avec une mélodie très répétitive.
Ces mêmes notes jouent directement sur nos nerfs. La musique ne cesse jamais et nous ne pouvons rien y faire. Elle illustre exactement le sentiment que vivent nos protagonistes, pris dans un étau qui se resserre sans pouvoir interrompre quoi que ce soit.
La sentence plane sur eux et nous sommes bloqués tous ensemble.

Un monstre pour parler de l’humain

Comme de nombreuses œuvres Japonaises (ex: Akira, …), Godzilla est l’allégorie d’un traumatisme historique. L’élégance et la force des japonais est de ne jamais citer le responsable ad nominem. Le pays n’a jamais su oublier la douleur des bombardements américains de Hiroshima et de Nagazaki lors de la Seconde Guerre Mondiale.

La ville rasée

Comment avons-nous pu créer un tel monstre ?

Une scène parle du questionnement de l’apparition de Godzilla. Le monstre est de taille impressionnante, possède des écailles, une grande queue. Les experts disent qu’il serait semblable aux dinosaures. Une espèce qui régnait pendant une époque où le civisme n’existaient pas.
En même temps que l’apparition du monstre, des radiations font surface à plusieurs endroits côtiers.
Tous les éléments disséminés dans le film pointent donc vers cet évènement tragique : les radiations nucléaires, la sentence venue du ciel et la personnification de l’ennemi par un dinosaure géant.

Panser les maux

Godzilla est à l’origine un hommage pour les victimes de la Seconde Guerre Mondiale, pour mettre un nom sur la cause du mal et pour libérer la peine que le pays a connu et connait encore aujourd’hui.
Par ailleurs, le monstre disparait mais sa mort restera mystérieuse, comme pour évoquer que les évènements se terminent mais la douleur jamais.

L’héritage au cinéma : Shin Godzilla (2016)

Il s’agit du vingt-neuvième volet de la saga mais véritablement le seul film rendant hommage au film original. L’histoire est essentiellement la même bien que le point de vue soit totalement différent. Nous nous concentrons davantage sur la gestion de la crise des dirigeants japonais. C’est une satire sur la façon dont le gouvernement japonais gère le pays en temps de crise écologique, qui renvoie notamment à la gestion lors des séismes de 2011. Les américains sont directement remis en cause ici aussi puisque le pays est encore sous l’influence du géant outre-pacifique.